La prévention de l’apparition des entérobactéries résistantes passe avant tout par la diminution de la pression de sélection exercée par les antibiotiques, donc par un usage raisonné des antibiotiques.
Plusieurs sociétés savantes ou instances publient des propositions pour aider à la maîtrise des antibiotiques.
Vous trouverez ici le PLAN NATIONAL d’ALERTE ANTIBIOTIQUE
Ce plan fait suite au 1er plan mis en place sur le sujet en 2001. La France reste encore le 3ème consommateur d’antibiotiques en Europe, et si les 2 plans précédents ont permis de réduire la consommation de 15% en ville et de 10% à l’hôpital, l’enjeu actuel est la multiplication rapide des résistances bactériennes, avec notamment 10 à 15 % des E. coli qui sont multi-résistants, qu’il s’agisse de souches communautaires ou hospitalières. En l’absence de nouveaux antibiotiques en développement, ces résistances sont actuellement responsables d’une morbi-mortalité croissante par infection, avec un risque réel d’impasse thérapeutique à court terme.
C’est donc un vrai enjeu de santé publique que de prendre en considération les propositions de ce plan pour mieux utiliser les antibiotiques, qui ne sont pas des médicaments comme les autres.
Il ne saurait être question de priver un patient d’un traitement si celui-ci est utile, ni de mettre en place une maîtrise purement comptable des prescriptions. L’objectif est de recourir au bon produit, pour une durée pertinente et sous forme adéquate, en insistant sur la connaissance du caractère particulièrement sélectionnant de certaines molécules qui feront donc l’objet d’une prescription particulièrement réfléchie : céphalosporines, fluoroquinolones et carbapénèmes. La France veut se rapprocher du niveau moyen de consommation européen, et doit donc réduire ses prescriptions de 25% sur 5 ans.
Ce plan se décline en 3 axes stratégiques :
Cela passe notamment par la mise à disposition de protocoles antibiotiques, à l’amélioration de leur application, et au développement du conseil auprès des prescripteurs. L’utilisation des TOD (test d’orientation diagnostique) tels les strepto-test ou les BU au cabinet, doit être généralisée.
Cela passe également par une information et sensibilisation de l’ensemble des professionnels de santé, mais aussi du grand public.
Pour cela, il est nécessaire de réduire la pression de sélection par les antibiotiques (moins de prescriptions et moins de molécules à large spectre sélectionnant des résistances) et de limiter la diffusion des bactéries multi-résistantes (respect des précautions d’hygiène standard, en particulier de l’hygiène des mains par l’utilisation des solutions hydro-alcooliques).
Le partenariat indispensable avec la pharmacie permet d’encadrer les modalités de dispensation des antibiotiques et de surveiller les consommations.
En parallèle, l’épidémiologie bactérienne et notamment des résistances fait l’objet d’une surveillance par les laboratoires de bactériologie, et d’un retour d’information. Les données françaises sur les résistances bactériennes sont disponibles sur le site http://www.invs.sante.fr/ratb
La SPILF (Société de Pathologie Infectieuse de Langue française) propose sur son site des fiches de synthèse des recommandations (Info-Antibio)
Sur le document ci-dessous, la liste des infections ne justifiant pas de la prescription d’Antibiotiques
Les nouvelles recommandations thérapeutiques des Infections communautaires prennent en compte l’impact des antibiotiques sur le microbiote, c’est à dire leur pression de sélection. Cela est parfaitement illustré par les recommandations 2014 sur le traitement des infections urinaires communautaires de l’adulte ci-dessous.
Le Haut Conseil de Santé publique en 2010, dans son rapport sur les entérobactéries BLSE, insistait déjà sur la prévention de l’apparition des résistances par un moindre usage des antibiotiques (p.40)